mercredi 15 février 2012

Episode 19


[Les cinq paragraphes ci-dessous appartiennent à cinq feuilletons distincts. Ces cinq paragraphes ne se suivent pas - mais font suite aux précédents épisodes des mêmes auteurs.]



(Suite de l’histoire n°1) “Salomon, soudain, se sentit mal. Sa tête bourdonnait, il ne parvenait plus à fixer son regard, tout était sans dessus dessous. Mme Cohen le regardait d’un air interrogatif. Il ne savait que lui répondre, aurait voulu lui dire qu’elle se faisait des idées, à toujours imaginer le pire, à vivre avec cette ombre perpétuellement au-dessus de sa tête, qu’elle aurait dû se réjouir d’être enfin débarrassée de son fils. Au lieu de cela, il bafouilla : « Je vais essayer de leur en parler ». ” (Alice Bé)



(Suite de l’histoire n°2) “La piqûre de cette abeille fut une malédiction et une bénédiction. Elle me plongea dans la plus grande confusion, ma vision du monde renversée, obsédé par cette question, pourquoi? pourquoi? - pourquoi existe-il de telles bêtes, en apparence si fragiles, qui peuvent pourtant nous terrasser, nous, les maîtres de cette terre? La vie n’a-t-il donc aucun sens? Sommes-nous de faux géants, pour pouvoir être si aisément abattus? Un projet commençât à prendre forme en moi et, bien que toujours possédé par une angoisse paralysante, je sentais en mon esprit s’ébaucher une réponse. J’appelais Paris et j’obtenais mon rapatriement immédiat.” (David M.)



(Suite de l’histoire n°3) “Soudain le taxi, comme pris de folie, accélère brutalement, traverse trois voies et se précipite vers une sortie. "Quelle mouche vous a piqué ?", je demande au chauffeur. "C'est trop lent, je connais un autre chemin, vous allez voir", me répond-il. Nous roulons bientôt le long de vastes boulevards presque déserts, dans ce no man's land infini qu'est Los Angeles. There is no there there, écrivait Gertrude Stein, à propos de tout à fait autre chose. Renonçant de comprendre où nous allons, et ayant décidé de faire confiance au chauffeur du taxi, je me replonge dans mes réflexions. Mais presque aussitôt, je m'interromps : quel intérêt y a-t-il à chercher l'identité du dernier garçon qui nous accompagnait lors de ce séjour en Bourgogne ? En réalité, je le sais parfaitement : bien que je n'aie rien sur quoi m'appuyer pour le croire, je suis sûr que trouver son nom me permettra de trouver le lien réel qui existe entre Reinette et Argus (car, même s'il s'agit sans doute d'une certitude délusoire, je ne peux penser, je ne peux envisager qu'elle puisse être amoureuse de lui).
Je n'ai pas de montre, aussi je sors mon téléphone pour regarder l'heure. Il me reste quatre heures avant que mon avion décolle. Tout va bien.” (FG)



(Suite de l’histoire n°4) “Il vibrait comme une abeille et produisait ses blips musicaux. La voisine, languide, semblait ignorer l’appel.
Jean-Jesus chercha à situer l’engin dans la chambre. Il finit par le voir, au pied du lit, posé sur une bande dessinée cartonnée, tremblant dessus et émettant une lueur diffuse par intermittences pour attirer l’attention sur lui.
« Pfff… Mais qu’est-ce qu’il fabrique ? », marmonna la jeune femme pour elle-même.
Jean-Jesus se recula dans son ombre.” (Louis Butin)



(Suite de l’histoire n°5) “Tout rentre dans l'ordre. Etsuko se remet aux boulettes de poulpe sous le regard de plus en plus intéressé du jeune Jo, dont Hana-bi vient pourtant de réduire à néant les théories économiques. Surviennent deux touristes allemands qui veulent deux grands bols d'edamame et de la bière, plenty, plenty, please. Katsu ayant fini par faire une entrée remarquée — le front en sang, le blouson déchiré : il s'est fait renverser par un cycliste qui circulait le long de la rivière à Meguro, sans lumières, l'imbécile —, Etsuko sort fumer une cigarette. Et jeter un coup d'œil à son portable : deux fois, elle l'a senti vibrer dans la poche de son tablier. Merde, deux numéros masqués — ça lui serre toujours vaguement le cœur — et un sms de Daisuke. "Tatant biensaj alapart. Débiz." Au moment où elle allume une seconde cigarette, une boule dans la gorge, l'écran du téléphone s'illumine. Appel entrant, numéro masqué.

"Professeur Kagi ?

— Elle-même."

La voix est limpide, l'accent manifestement anglais.

"C'est le recteur Schiffmann qui m'a donné votre numéro. Mon nom ne vous sera peut-être pas entièrement inconnu. Je suis…"” (Dragon Ash)


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