jeudi 23 février 2012

Episode 25

[Les cinq paragraphes ci-dessous appartiennent à cinq feuilletons distincts. Ces cinq paragraphes ne se suivent pas - mais font suite aux précédents épisodes des mêmes auteurs.]


(Suite de l’histoire n°1) “A présent qu’il n’avait plus d’impératifs, il n’avait pas le choix : il lui faudrait passer chez ses cousins pour parler de l’histoire du fils Cohen. Salomon essaya de se remémorer, une par une, toutes les avanies que ce vaurien de Hershe lui avait fait subir. Il y avait eu les guêpes, bien sûr, mais aussi la fois où Hershe l’avait poussé dans une mare stagnante constellée de lentilles d’eau pour voir « si on pouvait marcher dessus », celle où il l’avait fait monter en haut d’un arbre pour voir « si la vue était jolie », arbre dont Salomon avait failli ne jamais redescendre, et bien d’autres encore. Hershe était très curieux, mais préférait faire prendre à d’autres les risques engendrés par sa curiosité. Lui s’en sortait toujours indemne, le visage illuminé d’un sourire innocent, et rentrait chez sa mère qui l’accueillait immanquablement d’un : « Hershe, lumière de ma vie, tu es rentré, grâce à Dieu ! », sans daigner d’un regard le pauvre Salomon qui, trempé, tremblant, couvert de piqûres, se faufilait juste derrière.” (Alice Bé)


(Suite de l’histoire n°2) ““Monsieur Sheep. Dîtes-moi ce que je peux faire pour vous.” Sheep parut surpris de la sérénité retrouvée d’Heisenberg. “Je bien vous le dire, mais vous me pressez trop; je dois, pour parvenir à ma conclusion, emprunter d’autres détours, d’autres chemins qui, en apparence seulement, ne mènent nulle part.”” (David M.)


(Suite de l’histoire n°3) “Les hôtesses passent dans les couloirs et offrent des verres d'eau ; en même temps, un soudain sentiment d'inconfort envahit tous les passagers : l'avion a amorcé sa descente, nous arrivons. Les nuages étant moins nombreux, on peut même apercevoir les arbres, les routes, les champs.
Le seul avec qui j'ai gardé quelque contact, c'est Boulier, celui qui était l'amant de Reinette. Il est devenu acteur de théâtre, et joue des pièces médiocres dans des théâtres minuscules sur le boulevard Montparnasse. Comme il est un éternel optimiste, il écrit aussi, et il espère toujours devenir un grand dramaturge. Je crois que j'ai son numéro de téléphone ; sinon, une rapide recherche sur internet me suffira pour trouver son lieu de travail actuel.” (FG)


(Suite de l’histoire n°4) “Quinze ans plus tard… Depuis la fenêtre de sa chambre, il a compté les jours où il pouvait la voir et les jours sans elle. Il l’a vue partir à la mort de sa mère et revenir pour l’enterrement de son père.
Quand elle le croise dans les allées du lotissement, elle le regarde en plein visage, sourit, et cela rafraîchit tout le corps.
Elle ne porte plus ses grandes lunettes — celles qui, conjuguées à la lampe torche, dardaient sous la tente un regard triocle sur la nudité embarrassée de l’enfant buisson, le futur homme arbre. Ce n’est plus le même regard — un regard d’enfant curieuse — c’est un regard perçant ; il s’enfonce dans le visage et tire du crâne les pensées secrètes. Peut-être le comprend-elle, maintenant.
Mais lui, pourquoi ressent-il toujours le besoin de se cacher pour voir ?” (Louis Butin)


(Suite de l’histoire n°5) “— C'était ce vieux salaud de van Doorn. Tu imagines ? Il portait une cagoule noire, et un survêtement, mais pas moyen de se tromper. Les épaules voûtées, les jambes torses… Je me suis planqué entre deux placards. Il s'est penché sur une cage et je l'ai entendu qui tripotait des trucs. Ça a duré… oh, un bon quart d'heure. Je n'en pouvais plus. En fin de compte, il est parti en fichant un coup de torche sur les barreaux de la cage, et le singe — c'est un des capucins, tu sais — a poussé un cri à vous glacer les sangs. Quel fils de pute, van Doorn. Mais ce n'est pas tout, Arrow. J'ai attendu qu'il reparte. Compté les battements de mon cœur : je t'assure, j'avais les boules. Ça fait cinq ans que je bosse ici, et je n'ai jamais vu qui ce soit se balader à minuit dans les labos avec une cagoule… Bon. Je suis passé du côté des singes. J'ai allumé la veilleuse. Cet enfoiré, il avait installé une mini-caméra et un micro au niveau de la serrure de la cage. À la bonne hauteur pour surveiller Lucia.

Arrow pianotait sur le tableau de bord.

— C'est absurde.

— C'est ce que j'ai pensé, répliqua Hunter.

Au mûrier, ils prirent la direction de Lake Purity. C'était une mauvaise piste et les vibrations du véhicule les faisaient chevroter.

— Sauf que… Sauf que je me suis rendu compte le lendemain matin qu'il en avait collé une dans mon bureau, de mini-caméra de merde.

— Mais pourquoi nous ? Tu crois vraiment qu'il a un problème avec les Indiens ?

— J'en sais rien, grommela Hunter. Je constate. Une caméra chez Lucia, une autre chez moi, cette histoire de labo bouclé de l'extérieur avec toi… J'ai jeté un coup d'œil chez Amoroso, peau de balle.

— Mince, constata Arrow d'une voix neutre. J'ai oublié mon maillot de bain. Je piquerais bien une tête pendant que tu achètes tes vers chez Peony.

— T'as vraiment rien dans la cervelle, Arrow.

Rien ou trop. Arrow avait posé les index sur ses paupières. Les images affluaient, torrentielles.” (Dragon Ash)

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